Insolite : le placenta de bébé comme cure de jouvence ?

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Ça ressemble à Halloween avant l’heure ou aux dernières aventures d’Hannibal Lecter (Le Silence des agneaux). C’est la dernière mode américaine dans les maternités : manger son placenta ou celui de l’enfant que l’on vient de mettre au monde. Tout dépend du point de vue auquel on se place et nous verrons plus tard que cela a son importance.

Le placenta, un atout santé ?

A déguster donc, séché, en soupe ou en gélules. C’est ainsi que le magazine américain Parents s’est fait le relai de l’enquête du New York Magazine sur la vie de Jennifer Mayers cuisinière new yorkaise, préparatrice de placenta. Elle accommode ainsi au mieux, le précieux mets, tout droit sorti de la maternité, avec quelques carottes et petits oignons !

Cette vogue américaine est inspirée de vieilles traditions tribales et d’un discours scientiste sur les bienfaits de l’ingestion du placenta. Nous disons bien scientiste et pas scientifique car rien n’est prouvé ! La composition en fer, en vitamines B12 et certaines hormones confèrerait au placenta la capacité de réduire les dépressions post-partum des mamans et de les faire récupérer plus vite.
Manger son placenta paraît toutefois étrange ! Mettons-nous à la place de l’agent Sterling (alias Jodie Foster) pour comprendre cette pratique ?

De l’anthropophagie déguisée

L’anthropophagie est une forme de cannibalisme qui concerne exclusivement l’espèce humaine. C’est une pratique qui consiste à consommer de la chair humaine. Or, le placenta est de la chair humaine conçue à un moment donné par la mère, à partir de son utérus, pour apporter au fœtus l’eau, les nutriments et le dioxygène dont il a besoin. C’est aussi un filtre qui permet d’évacuer le dioxyde de carbone, les déchets métaboliques tels que l’urée, excrétés par l’embryon.

Il est normalement analysé s’il y a eu un problème à l’accouchement, puis détruit comme « déchet biologique » dans les maternités.
Les femelles de la plupart des espèces mammifères mangent leur placenta après la naissance.


Cela justifie-t-il de passer outre son dégoût instinctif et de se conformer à cette façon de faire ? Si Lévi-Strauss (le célèbre ethnologue) avait défini l’inceste comme tabou universel dans l’humanité, nous permettant de nous définir comme être humain, qu’en est-il du cannibalisme ?

Cet auteur a décrit certaines tribus qui mangeaient de l’humain en temps de guerre, pour s’approprier la force des adversaires vaincus. Certains rituels permettaient aussi de faire le deuil de personnes de la famille en les ingérant après leur mort et toujours en intégrant leur force et leur spiritualité. « Nous sommes tous des cannibales. Après tout, le moyen le plus simple d’identifier autrui à soi-même, c’est encore de le manger », concluait Claude Levi Strauss (dans La Repubblica, 1993).

Placenta, bébé ! Même si ça n’a rien avoir il y a un côté dérangeant dans tout ça ! Manger son placenta est un acte qui questionne la limite entre le soi et l’autre. Après l’accouchement, le commencement d’une vie pour bébé après 9 mois de gestation laisse la maman dans un état de séparation. Serait-ce le moyen de combler un vide ?

Le mythe de la cure de jouvence

On peut toutefois se demander pour quoi cette pratique « ancestrale » connaît autant de succès maintenant. C’est vrai qu’il est difficile parfois de savoir comment une mode est lancée. Cette idée d’une mouvance un peu écolo et énergétique serait, à l’origine, une tendance New Age des années 60 qui réapparaîtrait tous les 10-20 ans.

Mais aujourd’hui, il semble que s’adonner à cet acte a une symbolique plus importante. Les découvertes faites sur le cordon ombilical (qui est un organe associé) et les cellules souches de son sang, remettent au goût du jour le mythe de l’élixir de jouvence. En effet, les cellules souches ont la propriété de pouvoir se différencier en n’importe quelle cellule de l’organisme humain selon la façon dont elles sont stimulées. C’est un des plus grands espoirs de la médecine pour faire remarcher certaines personnes ou guérir des cancers ! Des banques se développent pour recueillir le sang des cordons ombilicaux dans les maternités et les utiliser pour la recherche ou pour soigner des leucémies.

Ainsi, même si la consommation du placenta ne concerne pas le cordon, il y a un mythe de l’absorption du berceau originel. Là où tout commence, où tout est pur et possible. Il semble que c’est une sorte de cure de jouvence qui est recherchée de façon symbolique !
Ce rapprochement est toutefois très contestable, parce que ce qui était bon pour nous avant la naissance ne l’est plus forcément maintenant. Et le placenta est spécifiquement dédié au bébé pendant la grossesse. Ce dîner n’est pas aussi parfait qu’il paraît !

Alors cette nouvelle mode semble aussi dégoûtante que passionnante dans ce qu’elle dit de nous. Cela renvoie-t-il un phénomène naturel, cannibale ? Mais dans tous les cas est-ce régénérant ? Ce sont des questions auxquelles nous n’avons pas vraiment de réponse.

 Vous laisseriez-vous convaincre ?

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